AA / Londres / Karim El-Bar

Le Labour (parti travailliste), principal parti d'opposition britannique a adopté une motion appelant à des sanctions contre Israël pour avoir pratiqué “l'apartheid” contre les Palestiniens.

Adoptée lors de la Conférence annuelle du parti tenue lundi à Brighton, la motion a également appelé le Labour, de centre-gauche, à faire cesser le commerce des armes entre le Royaume-Uni et Israël dans les zones où les droits des Palestiniens sont violés, et à cesser le commerce avec les colonies israéliennes illégales.

“La Conférence condamne la Nakba en cours en Palestine, la violence militarisée d'Israël lors des attaques contre la mosquée Al Aqsa, les déplacements forcés du quartier de Cheikh Jarrah et l'assaut meurtrier contre Gaza”, peut-on lire dans la motion.

Celle-ci a également souligné la nécessité d'agir ''en raison des actions illégales continues d'Israël''. La conférence a exhorté le Parti travailliste à ''adhérer à une politique éthique sur tout le commerce du Royaume-Uni avec Israël, y compris l'arrêt de tout commerce d'armes utilisé pour violer les droits humains des Palestiniens et le commerce avec les colonies israéliennes illégales''.

En outre, il a été convenu de soutenir des “mesures efficaces”, notamment des sanctions contre les actions du gouvernement israélien jugées illégales au regard du droit international.

La motion a appelé les Travaillistes à “veiller à ce qu'Israël cesse la construction de colonies de peuplement, annule toute velléité d'annexion, mette fin à l'occupation de la Cisjordanie, au blocus de Gaza, fasse tomber le Mur et respecte les droits du peuple palestinien, tels qu'inscrits dans le droit international, de retourner chez eux”.

Bien qu'elle ait été facilement adoptée et que le vote n'engage pas la direction travailliste, cette motion reste significative car elle reflète l'état d'esprit du parti.

''La motion que vous avez devant vous aujourd'hui ne traduit pas seulement notre solidarité intransigeante envers le peuple palestinien en appelant à des sanctions contre l'État qui commet des crimes de guerre. Elle nous rapprochera de la fin du siècle honteux de la complicité britannique et du déni du droit à l'autodétermination, à la libération et au retour'', a déclaré Jawad Khan, membre du comité national des Jeunes travaillistes.

L'ancien leader travailliste, Jeremy Corbyn était un fervent partisan des droits des Palestiniens. L'actuel dirigeant, Sir Keir Starmer, par contre, a adopté une position plus conciliante envers Israël après que le parti a été impliqué dans un certain nombre de scandales médiatisés sur l'antisémitisme présumé sous son prédécesseur Corbyn.

Le député travailliste, Steve McCabe, président de “Les Amis travaillistes d'Israël”, affirme que : ” la motion est très forte, elle exprime beaucoup de colère, elle est trop unilatérale et elle n'est pas du tout axée sur la recherche de la paix.”

Lisa Nandy, secrétaire d'État aux Affaires étrangères du cabinet de l’ombre du Labour, n'a pas tardé à dissocier la position politique officielle du parti sur le conflit Israélo-palestinien de la motion de la conférence, affirmant que le parti devait suivre une “approche juste et équilibrée.”

“Il ne peut y avoir de paix durable qu'à travers un Israël sûr et sécurisé existant aux côtés d'un État palestinien souverain et viable. Par conséquent, nous ne pouvons pas soutenir cette motion. Elle n'aborde pas les questions du conflit israélo-palestinien de manière globale ou équilibrée”, a-t-elle notamment précisé.

Lisa Nandy a ajouté que la politique des Travaillistes consiste à “condamner l'utilisation inacceptable de la violence contre les civils de toutes parts.”

“Il n'y aura pas de paix juste et durable tant que l'occupation ne sera pas définitivement terminée et que Palestiniens et Israéliens jouiront de la sécurité, de la dignité et des droits de l'homme. Nous condamnons toutes les actions qui rendent cet objectif plus difficile (à atteindre)”, a-t-elle poursuivi.

La Campagne britannique de solidarité avec la Palestine a, pour sa part, salué la “motion historique sur la Palestine adoptée lors de la Conférence du Parti travailliste de 2021, reconnaissant qu'Israël pratique l'apartheid et appelant à de fortes sanctions.”

Plus tôt cette année, Human Rights Watch et B'Tselem ont publié des rapports indiquant qu'Israël pratiquait l'apartheid, tel que défini par l'ONU, contre les Palestiniens.