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Mort à 96 ans d’Esther Bejarano, l’une des dernières survivantes de l’orchestre d’Auschwitz
Une voix importante dans la lutte contre le racisme et l’antisémitisme en Allemagne s’est éteinte.
Avec le décès d'Esther Bejarano, c'est une voix très populaire contre l'antisémitisme qui s'est éteinte. Axel Heimken / dpa / AFP
C’est encore un peu de la mémoire de la Shoah qui s’en va. Esther Bejarano, l’une des dernières survivantes de l’orchestre des femmes d’Auschwitz et « personnalité courageuse », selon le président allemand, est morte dans la nuit de vendredi à samedi à l’âge de 96 ans, a annoncé le directeur du Centre éducatif Anne Frank, sur Twitter. « Elle a dédié sa vie à la musique et à la lutte contre le racisme et l’antisémitisme », a écrit Meron Mendel, rappelant que cette Allemande de confession juive, déportée en 1943 dans le camp d’extermination nazi, avait eu la vie sauve parce qu’elle était musicienne et joua de l’accordéon à Auschwitz.
Née Esther Loewy, elle est morte à Hambourg des suites « d’une brève et lourde maladie », a confirmé le Comité-Auschwitz d’Allemagne, sans fournir de plus amples précisions. « Nous endurons une grande perte avec sa mort », a écrit le président de la République allemande, Frank-Walter Steinmeier, dans un message de condoléances à ses enfants. « Elle restera toujours dans nos coeurs », a-t-il ajouté, saluant la mémoire d’une « personnalité courageuse qui s’est jusqu’à la fin engagée en faveur de ceux qui ont été poursuivis par le régime nazi ».
« Voix importante »
« Une voix importante dans la lutte contre le racisme et l’antisémitisme est décédée », a également twitté le ministre allemand des Affaires étrangères, Heiko Maas, à propos de cette « formidable » personnalité, en soulignant que « sa vitalité et son histoire incroyable » forçaient l’admiration.
Très populaire dans son pays
Très populaire dans son pays, elle mettait aussi en garde ces dernières années contre la montée de l’extrême droite, notamment depuis l’entrée en force du parti AfD à la chambre des députés, le Bundestag, en 2017. « Pour ceux qui ont vécu ça (la déportation, ndlr), on ne peut pas décrire à quel point c’est grave », insistait-elle, dénoncant notamment le mouvement xénophobe et anti-musulmans Pegida et l’AfD. Figure écoutée, elle a écrit plusieurs romans autobiographiques, s’est consacrée au chant et à ses activités au sein du Comité international d’Auschwitz.
Avec sa fille et son fils, Esther Bejarano fonda le groupe Coincidence au début des années 1980 avec des chansons du ghetto et des chansons juives et antifascistes. Elle s’est aussi produite avec un groupe de hip-hop, Microphone Mafia, avec qui elle a effectué une tournée dans toute l’Allemagne.