
Comment peindre Constantine durant
Pourim,
Trouver les mots – parfums, couleurs
et les rimes…
L’hiver neigeux y laissait ses traces de
froid
Et dans les rues pentues courraient les
enfants rois
Qui faisaient bouquets de narcisses et
mimosas
Pour Tata Fortune ou pour Mémé Rosa
Avant de pavoiser les cours et les
fenêtres
Ouvertes sur le printemps d’un oublieux
bien-être.
Dans les oratoires se lisait la Méguila
Pour fustiger Haman, ses sbires au coutelas,
Et magnifier Esther qui su vaincre sa
peur,
Notre Esther Hamalka qui se fit mère et
sœur
Et nous louangions son oncle Mardoché
Qui ne plia genou aux auvents du marché
Sachant que Yéhoudi est un titre de vie
Qui provoque la haine mais suscite
l’envie.
Sur les tables nappées nous lancions les
deux dés
Les douadèches blancs et noirs aux
points non décidés,
L’as-doch disait la perte et le cinq-six
le gain,
Le plaisir de la vie bruissait en son
regain.
Sur la ville en fête s’épandaient les
lumières
Où nos yeux se perdaient de toutes les
manières
Mais le sort nous saisit puis il nous
projeta
Loin des ravins ombreux de l’étrange
Cirta
Et nous avons roulé hors des maisons
natales
Comme les dés battus par d’autres mains
fatales,
Très longtemps le futur nous parut
indécis
Jusqu’au moment heureux où sortit le
cinq–six.
Aujourd’hui des Hamans refont assaut de
haine
L’engeance du dément reste hélas bien
pérenne
Mais nous savons d’Esther qui domina sa
peur
Que le salut divin peut « s’annoncer
d’Ailleurs ».
Pourim Saméa’h